Et si vous passiez votre prochain entretien d’embauche chez vous, face à une intelligence artificielle?
Fondée par deux experts en ressources humaines, Airudi exploite les algorithmes d’apprentissage automatique afin de réinventer et optimiser les performances dans ce domaine. Pour bâtir son intelligence artificielle, cette start-up dispose de milliers de CV et d’offres d’emploi, mais aussi de transcriptions d’entrevues, de notes de recruteurs et de résultats de processus d’embauche.
Le professeur Bram Adams, responsable de ce projet de recherche, entraîne l’algorithme à l’aide de ces données anonymisées. Il doit tenir compte de multiples facteurs, tels que la spécificité de chaque domaine d’emploi. « Il faut aussi détecter tous les biais possibles, car derrière ces données, il y a des humains » affirme le professeur Adams, qui veille à l’objectivité de l’intelligence artificielle afin d’éliminer tout risque de discrimination.
L’intelligence artificielle se présentera sous la forme d’un avatar 3D baptisé « Pam » qui interrogera les candidat·e·s avec courtoisie tout en s’adaptant à leur attitude : si la personne est nerveuse, il le détectera et saura trouver les mots pour la détendre. En outre, l’algorithme devra détecter la langue qu’utilise son interlocuteur et être capable d’en changer en cours d’entrevue. « Montréal est une ville bilingue, dans laquelle on trouve des offres d’emploi et des CV en français et en anglais. C’est une situation assez rare, un défi pour l’équipe de recherche et une combinaison très intéressante pour l’international », souligne le professeur Adams.
C’est intéressant parce qu’il y a beaucoup de jargon, de terminologie spécifique et technique. C’est là que l’apprentissage de l’intelligence artificielle entre en compte. Elle doit vraiment comprendre les besoins dans chaque domaine pour offrir les meilleures recommandations.
Bram Adams
Professeur agrégé Département de génie informatique et génie logiciel, Polytechnique Montréal
Que les recruteurs se rassurent, Pam ne les mettra pas au chômage, mais augmentera plutôt leurs chances de trouver les meilleur·e·s candidat·e·s en un temps réduit. « Aujourd’hui, les processus de dotation peuvent prendre jusqu’à 56 jours! Avec notre plateforme, on sera en mesure d’accélérer ce processus et de rendre l’expérience candidat beaucoup plus agréable », soutient Amanda Arciero, cofondatrice et vice-présidente des opérations d’Airudi. L’intelligence artificielle effectuera une présélection avant de fournir à l’employeur une liste détaillée des profils les plus appropriés au poste offert. « Il y aura toujours un être humain pour prendre la décision finale », résume Bram Adams.
Afin de favoriser la rétention des candidats, Airudi développe également un second volet, qui fera de Pam un secrétaire spécialisé capable de répondre à toutes les questions des employeurs en matière de ressources humaines. Ce projet, dirigé par le professeur Foutse Khomh (Polytechnique Montréal et détenteur d’une chaire de recherche FRQ-IVADO), compilera toutes les règles de l’entreprise, conventions collectives, règlements municipaux et lois, afin d’accompagner le gestionnaire dans ses prises de décisions : augmentations salariales, gestion de la santé et de la sécurité, procédures disciplinaires, etc.
En traitant de manière rapide et efficace de nombreuses questions souvent posées, Pam offrira un gain de temps précieux. « Cela permettra au gestionnaire de prendre un moment de qualité avec l’employé·e pour parler de son développement professionnel, chose très importante, mais qu’on prend rarement le temps de faire en entreprise », se réjouit Mme Arciero. Un service qui pourrait intéresser les grandes entreprises, dont les services RH sont si souvent surchargés, comme les plus petites.
Grâce à Airudi, l’intelligence artificielle se mettra au service de tous.